Brèche à bras le corps
Pauline Castra, artiste plasticienne
Résidence de recherche et création
2022 / 2023
Pays basque
Au départ, il y a ce désir : concevoir une sculpture en porcelaine à même l’espace d’une brèche murale. Questionnant la notion de restauration patrimoniale, Brèche à bras le corps pense la réparation comme un geste de soin artistique. La sculpture devient l’onguent appliqué pour combler et sublimer les plaies d’un lieu, causées par les aléas du temps. Détournée de son usage habituel, il s’agira de confronter la porcelaine à la dureté architecturale d’un lieu patrimonial en déclin. Au creux de cette césure murale, la sculpture en porcelaine, à la fois cassable et résiliente, ne fera plus qu’un avec le lieu qui la garde. Retraçant son propre sillon, la sculpture se glissera en lieu et place de la fêlure pour en révéler subtilement la présence. Bien que tangible, ce soin prodigué par l’œuvre, vise également à réveiller une mémoire hors d’usage. Loin d’un lieu remarquable, en amenant « ma porcelaine à l’édifice», je souhaite porter attention à un lieu passé sous les radars de l’histoire. Dans cette lutte contre l’oubli, Brèche à bras le corps se veut l’opportunité d’honorer et commémorer un lieu hors des sentiers battus par l’histoire. Au cœur de cette fêlure, l’œuvre confronte des temporalités spatiales bien distinctes : le passé d’un lieu qui, à son apogée, fut habité, le présent d’une ruine décrépite, dépourvue de toute considération patrimoniale, et l’avenir, promesse d’un renouveau, d’un retour en grâce... S’en remettant au temps qui passe, Brèche à bras le corps n’en est que plus précaire. Telle une offrande faite à un lieu singulier, le geste artistique se pose comme une intention immuable, le vœu que l’histoire ne s’arrête pas là. Extrait de texte Pauline Castra